Pour parler en technicien, il faut d’abord oublier la vieille querelle des anciens et des modernes. Les artisans d’autrefois étaient régis par les corporations et faisaient ce qu’ils pouvaient avec ce qu’ils avaient.

De nos jours, il est difficile d’imiter une garniture ancienne faite de matériaux simples avec des méthodes élémentaires. La richesse des moyens dont on dispose permet de transgresser l’authenticité. Il n’est pas logique de placer des ressorts dans un siège Louis XV qui ne pouvait pas en contenir ni même de le couvrir d’un tissu mécanique (tapisserie).

Les courtepointiers du XVIIIe siècle s’expriment en pouces (2,7 cm), alors que nous nous pensons avec le système métrique.

Chaque style a son caractère et nous devons le suivre au mieux dans son esprit et dans ses formes. Mais pas nécessairement dans sa technique.

Dans les vingt premières années du XIXe siècle, les sanglages se faisaient sur les traverses et dégageaient les dessous des ceintures. Il est évident qu’avec un guindage nous obtenons d’une façon illogique par rapport à l’authenticité de la technique. Et il est un peu absurde de prétendre être plus respectueux de la tradition en garnissant un siège avec du crin sur des ressorts qu’en le garnissant en mousse sur une plaque ferme sanglée en chanvre.

Mais il faut décider  le client. Et  il convient de ne pas lui cacher le mode de garnissage.

On peut supposer que les rigueurs des corporations ne favorisent pas la diversité dans les méthodes.

Depuis les origines du garnissage jusqu’au XIXe siècle, il faut admettre que les matériaux ont peu évolué.

On distingue trois principes :

– Henri II, Louis XIII, remplissage à pelote.

– Louis XIV, Régence, Louis XV,  bourrelets piqués en cuvette avec remplissage en fibres.

– Louis XVI, emballage de fibres sous une toile d’embourrure avec piqûres.

La progression des techniques a permis de parfaire les formes des garnitures pour le piquage serré qui aboutit à la longue à l’inconfort de certains sièges Directoire, Empire.

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